• Souvenirs

    Construit en bois sur des murs de pierres grossières, ces chalets couverts de bardeaux ou de tôles, comprenaient un espace pour les bêtes et un étage pour l'habitant. Celui-ci passait quelques mois dans ce gîte appelé chez nous « mayen ». L'électricité n'était pas encore arrivé jusque là. Les lueurs vacillantes des falots, témoignaient de l'existence des gens à l'intérieur des bâtisses. De l'extérieur au travers de petites fenêtres, cela ressemblait à une danse de la lumière ou à des feux follets. 

    La transhumance faisait partie de la vie de nombreux valaisans. Dans le vallon, ce petit monde vivait au rythme de la grande horloge... Le soleil ! A cette heure-ci, il marque la fin du jour. Les maîtres donnent de la voix.

    Les vaches elles, affublées de grosses cloches font mines de ne pas entendre. Les cris des " baubes" enfants bergers, mêlés aux beuglements des bêtes font un immense chahut.

    -Allez, allez ! Avance fleurette, crénons d'une pipe !

    Les pentes escarpées toutes proches, par échos amplifient le vacarme. Le silence s'installe peu à peu, quelques tintements de cloches s'échappent encore des écuries. L'une après l'autre, les cheminées se mettent à cracher leurs rubans de fumées. La rivière tout en remous et en cascades, murmure comme un ruisseau. La chaleur est tombée, un léger vent balaie l'espace, l'ombre fait place à la nuit.

    Après les hommes, la nature devenait à son tour...Maître !

    Rêveries...

    Aussitôt les vaches rentrées, je restais à rêvasser assis sur un petit rocher au beau milieu du pré. Du haut de mes huit ans, j'étais la reine de la vallée ! Tous mes Sujets étaient rentrés. Je me mettais debout, je contemplais toute puissante mon royaume. Sur ma tête une couronne, une cape sur mes épaules. Persuadée que personne ne m’entendait, je me mis à crier d’une voix grave et autoritaire :

    - Je suis la reine, vous devez obéir, Compris ? J'écoutais une éventuelle réponse...

    La rivière voulait sa revanche, elle s’était faite silencieuse tout le jour, étouffé par les bruits des humains, tout à coup elle seule semblait donner de la voix. Elle grince des dents et fait rouler les pierres dans ce lit...qu'on disait précaire. Elle pouvait entrer dans une énorme colère et se mettre à déborder. Son tumulte déclencha mon premier frisson, je refusais pourtant d’imaginer le pire et restais campée là, sur ce bloc de granit !

    Les mélèzes presque aussitôt, joignant les gestes à la parole, prenaient des allures de géants colériques. Les branches balançaient dans le vent au-dessus de ma tête, s’abaissant de plus en plus comme pour m’attraper entre ses bras velus et piquants. Des sortent de râles s’échappaient du haut de leur cimes. Je croyais entendre une voix rauque et essoufflée me dire:

    - Non mais, Tu n'es pas à la hauteur ma p'tite, pousse toi de là !

    Un banal buisson d'aubépine se transformait en un monstre échevelé. Tous les fantômes de la forêt avançaient en file indienne pour venir me signifier leur droit sur ce territoire. Un craquement derrière moi eut raison de ma couronne.

    J'abdiquais immédiatement. Je regardais vers le chalet, mais lui aussi avait pris une allure humaine. Son toit ressemblait à un chapeau, les fenêtres me regardaient dans la pénombre. La porte ressemblait à une bouche. Aussi vite que mes jambes d'enfant me le permettaient, je courais pourtant vers elle. Je n’osais me retourner, un dragon était peut - être à mes trousses!

    J'atteins enfin la lourde porte en bois. Je la repoussais avec force et la refermait aussitôt. Ogres, fantômes dragons et autres monstres virent si cogner la tête Ouf, je l'ai échappé belle !

    Après un long soupir, j'allais m'asseoir près du feu. L'odeur du maïs gratiné m'apaisa, je pris place devant le fourneau et je regardais les flammes dévorés goulument les bûches. J'entendais les vaches secouer leur lourde chaîne, puis les pas de maman dans la chambre. Ces bruits familiers achevèrent de me rassurer. Perdue dans mes pensées, je sursautais pourtant quand maman entra dans la cuisine.

    - Enfin te voilà rentrée ! Faut-il que tu aies vu un fantôme !

     

    Souvenirs et Rêveries (Vallon de Rêchy)

    Prise de vue depuis la route qui conduit au Vallon de la Rêchy

    Souvenirs et Rêveries (Vallon de Rêchy)

     

    Le haut du vallon de nos jours

     

    Souvenirs et Rêveries (Vallon de Rêchy)

     

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  •  OUI nous parlons

    le français !

    Non pas le français de France, le français de chez nous avec ses accents et ses expressions / mots valaisans. Exemples :

    "Tcheu la zapp qu'elle a celle-ci" !

    ou (suici, celui-ci)

    Traduction < Mon dieu la bavarde ou le bavard>

     

    ***

    La majorité des habitants valaisans parlent le français 66,5 % , l’allemand 28,0 %.

    Moi je dis non !

    Nous parlons le « valaisans ».

    Plus sérieusement, nous parlons un français régional parsemé de mots  "arpitans" (ce qui signifie : montagnard) Dont les racines sont pré-indo-européennes. Le franco-provençal ou l’arpitan est une langue romane parlée dans différentes régions de France, de Suisse et d’Italie.

    Voir ci-dessous.

     

    Je parle le "Valaisan"

    Le Valais francophone s’arrête à la ville de Sierre, le Haut-Valais est germanophone. Ils parlent l’allemand et le dialecte haut-valaisan. Vous connaissez tous le Cervin, cette montagne emblématique, vous connaissez moins le Matterhorn ?! Voilà nos différences principales...notre langue. Quoi que, les haut-valaisans sont considérés par les bas-valaisans francophones, comme des gens plus bornés !

    Le canton (en France < le département>) du Valais fait partie de la Romandie, les habitants sont des romands et des romandes. Cela englobe les cantons francophones de la Suisse. Genève, Vaud, Valais, Fribourg, Neuchâtel et le Jura.

    Nous, nous sommes VALAISANS avant d’être Romands ou Suisses. On nous qualifie parfois de « Corses de la Suisse ». Notre caractère n’est pas belliqueux mais difficile à cerner. Sur un bloc de granit situé au sommet de l’avenue de la gare à Sion (capitale du Valais) un à sprayeur a écrit :

     L’esprit valaisan !

    Jugez vous même...Nous c'est nous un point c'est tout !

    Certes nous avons la dent dure, il ne faut pas nous chercher. Nous sommes méfiant envers les nouveautés, les nouveaux venus, les beaux parleurs et les lois qui nous viennent de la Berne fédéral. Dernièrement un citoyen qui se rendait au bureau de vote, m’a dit :

    - C’est facile...tout ce qui nous vient de Berne, faut r’fuser ! Et d'ajouter... Ça va ou quoi, on ne va pas se laisser em... par ces suisses totos !

    < Les suisses totos> (mot péjoratif,  pour qualifier les suisses allemands)

    Certes méfiants de prime abord on est un peuple fier. Cependant, il n'y pas que des "capions" chez nous ! Nous savons presque toujours ce que nous voulons, ou bien ?

    <capion> : fou / idiot, mais aussi un outil de jardin.

    <gabe te nion te gabe> : Vante toi personne ne te vante!

    L’arpitan (patois) est encore parler dans nos villages. Il est en passe de renaître grâce à des gens qui ont à cœur de garder cette langue vivante.

    Vous trouverez des liens/références sur la colonne de droite)  Ces mots ajoutent une musique à nos conversations et à notre manière de nous exprimer. Le langage valaisan se compose du français, de l’arpitan et des expressions locales propres à un village, une vallée ou une région.

     

    Vous retrouverez ici régulièrement des expressions de chez nous avec sa traduction. Car si à l’oreille les mots ont une certaine consonance, le deuxième degré a toute son importance. Ex:

    <Tu ris ou bien> ?

    Traduit: Ces mots sont utilisés après une ou des affirmations dont on doute, ou qu'on ne peut pas croire.

     

    Je parle le "Valaisan" A bientôt

     

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